Interview : L’immunité commence dans la bouche, avec Jeroen de Haas
Jeroen de Haas, thérapeute orthomoléculaire, est fasciné par le système immunitaire en général et le microbiome buccal en particulier. Il nous explique ce que nous pouvons faire pour renforcer notre système immunitaire. Nous vous livrons déjà un premier indice : vos intestins jouent certes un rôle important, mais votre système immunitaire commence dans votre bouche !
À propos de Jeroen de Haas
- Formation en médecine générale
- Médecine orthomoléculaire, A son propre cabinet à Haarlem
- Ancien président de la MBOG (société néerlandaise de la promotion de la médecine orthomoléculaire)
Interview:
Jeroen, d’où vous vient votre intérêt pour le système immunitaire ?
Nous cohabitons avec des virus – et avons donc dû développer une résistance contre eux – depuis l’apparition des êtres pluricellulaires. Notre système immunitaire est par conséquent très ancien. C’est ce que nous appelons le système immunitaire inné. Notre corps abrite pas moins de 38 000 millions de virus. Et ce n’est qu’une partie de tout ce que notre corps renferme. On y trouve tout un tas de choses, comme des bactéries et le microbiome – mais nous y reviendrons tout à l’heure. Il y a enfin d’autres substances qui peuvent pénétrer dans notre corps et qui ne sont ni des bactéries, ni des virus, ni des parasites, ni des champignons. Et notre système immunitaire réagit en permanence à ces matières. Un bon système immunitaire est la base d’une vie saine. C’est tellement fascinant, mais aussi terriblement complexe. On ne sait pas encore tout du système immunitaire et on ne cesse de découvrir de nouvelles choses à son propos. C’est ça qui rend fascinant le fait de suivre ces nouvelles découvertes. Chaque jour, de nouvelles recherches sortent sur le système immunitaire, mais aussi sur le sujet qui me fascine le plus : le microbiome buccal, car il exerce en fin de compte une grande influence sur notre santé.
Quelle est l’influence de ce microbiome buccal, et en quoi est-il lié avec le microbiome intestinal ?
Il est donc logique que le microbiome intestinal assure une grande partie de notre résistance. On établit toujours son principal mécanisme de défense à ses points faibles. Et chez nous, ce sont les intestins, qui constituent la porte d’entrée dans le reste du corps. Mais quand on s’intéresse aux intestins et qu’on regarde un peu en amont, on en vient à la bouche. Nos bouches hébergent plus de mille variétés de bactéries. Déjà, ces bactéries sont responsables d’une partie de la digestion et de notre santé buccale, mais elles contribuent aussi à notre défense. Notre immunité commence donc dans la bouche. Une perturbation de l’équilibre – extrêmement subtil – du microbiome buccal peut être à l’origine de « maladies systémiques ». On entend par là des pathologies comme le rhumatisme, les maladies cardiovasculaires, et même la maladie d’Alzheimer. Si la maladie d’Alzheimer a émergé aussi rapidement, c’est aussi parce que nous vivons de plus en plus vieux. La charge de morbidité associée est gigantesque. Le moins que l’on puisse faire est dès lors de veiller préventivement à ce que notre microbiome buccal reste en bon état.
Et comment maintenir son microbiome buccal en bon état ?
En premier lieu, il est important de consommer le moins possible de sucres raffinés. C’est bien connu : chaque fois que l’on va chez le dentiste, il nous répète « pas trop de bonbons, pas trop d’aliments acides ».
Mais à l’intérieur des dents aussi, il est important de maintenir le taux de certaines vitamines à niveau. Un chirurgien-dentiste en avait déjà fait la découverte au siècle dernier. Il avait en effet mené une étude auprès de différents peuples avec une bonne santé buccale, et ce qui les reliait tous était le fait d’avoir un taux suffisant de vitamines A, D et K2.
- Actuellement, de nombreuses personnes souffrent de carences en vitamines A. Je le constate dans mon cabinet, mais aussi à la lecture des données publiées par les autorités sanitaires. Ces carences sont particulièrement criantes chez les jeunes femmes de 12 à 18 ans. Elles s’expliquent notamment par le fait que nous consommons moins d’abats, tandis que le végétarisme et le véganisme prennent de l’essor. Mais cette vitamine A est très importante pour une bonne santé buccale, efficace de l’intérieur.
- Il n’y a aucun doute non plus concernant la vitamine D, qui est de toute manière importante pour l’immunité.
- On connaît moins la vitamine de K2, mais elle est également primordiale pour la santé buccale. En outre, elle est importante pour les vaisseaux sanguins.
Donc, pour avoir une bonne santé buccale, il faut manger moins de sucre, prévoir un bon apport en vitamines et naturellement avoir une bonne hygiène buccale. C’est-à-dire bien se brosser et se rincer les dents, et en particulier les espaces interdentaires. Ou éventuellement utiliser des bâtonnets dentaires. Et dans ce cas, utilisez autant que possible des bâtonnets en bois.
Pas des brossettes interdentaires, donc ?
Il ne vaut mieux pas et je vais vous expliquer pourquoi. Ces brochettes contiennent des particules de plastique qui peuvent s’accrocher dans les espaces interdentaires quand vous les utilisez. Et certaines bactéries adorent s’attacher à ce plastique. Pensez par exemple à un petit bateau qu’on laisserait tout l’été à l’eau. Quand vous allez le retirer au bout d’un certain temps, vous verrez alors que le dessous est couvert d’une sorte de pellicule verte. C’est un biofilm. Et certaines bactéries se font un plaisir de former ce biofilm pour s’y incruster. Le biofilm qui se trouve dans votre bouche peut héberger des petits hooligans, c’est-à-dire quelques bactéries franchement ennuyeuses, par exemple la Porphyromonas gingivalis. Or, on a pu établir un lien entre cette bactérie et la maladie d’Alzheimer, par exemple. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Si votre immunité n’est pas bonne, cette bactérie, une fois présente dans votre bouche, peut finir par remonter au cerveau en pénétrant dans votre circulation sanguine à travers votre dentine. Vous pouvez également avaler cette bactérie et si votre résistance est mauvaise, elle va se retrouver dans votre circulation sanguine et peut alors faire son chemin jusqu’au cerveau. Si la résistance n’est pas bonne non plus au niveau du cerveau, cette bactérie risque alors d’y adhérer. Le cerveau remarque qu’il y a un problème et provoque une inflammation, qui occasionne des dommages dans les vaisseaux. C’est comme cela qu’en fin de compte, pour le dire très simplement, les petits trous se trouvent bouchés et qu’apparaît la maladie d’Alzheimer. En d’autres termes, quand on remonte la chaîne de causalité, une bactérie « voyou » très ennuyeuse peut se trouver dans votre bouche et se transporter jusqu’au cerveau, ce qui peut, à long terme, vous causer une maladie très grave. Une maladie grave qui tend à toucher de plus en plus de personnes.
C’est un beau plaidoyer pour une bonne hygiène buccale et un bon statut vitaminique dans le corps : en entretenant une bonne hygiène buccale, vous empêchez les bactéries indésirables de s’y installer, mais, si elles réussissent tout de même à pénétrer dans votre bouche, il s’agit aussi d’avoir de bonnes défenses dans votre système digestif.
C’est cela. Et les probiotiques actifs dans la zone nez-gorge-oreille peuvent également s’avérer très utiles. En revanche, évitez les bains de bouche, en particulier ceux qui ont un effet antiseptique et antibactérien. Préférez l’argent colloïdal. Cette « eau argentée » peut fortement contribuer à rétablir l’équilibre dans la bouche. Pas trop souvent, mais occasionnellement, c’est très bien. De temps en temps, un oil pulling, par exemple d’huile de coco, peut également être utile. Cela consiste à prendre un peu d’huile dans la bouche, la faire circuler quelques instants, puis rincer. Et last but not least : pour éliminer ces bactéries, il est également judicieux de se brosser de temps à autre les dents avec du dentifrice au charbon noir. Ce dentifrice contient de toutes petites particules qui peuvent adhérer aux bactéries et les évacuer.
Quel est votre niveau d’expertise en matière de système immunitaire ?
Le fait est que j’ai beaucoup aimé étudier le microbiome intestinal. Je me rends aussi à des congrès internationaux sur ce sujet et puis je lis chaque jour Pubmed. C’est une base de données publique sur les recherches scientifiques. Tout le monde peut la consulter. Vous pouvez y effectuer des recherches par mots-clés, par exemple « microbiome intestinal » ou « microbiome buccal », et vous y trouverez toutes sortes d’études. On y trouve d’excellentes études sur lesquelles s’appuyer dans sa pratique. Et c’est justement ce que je fais dans ma pratique, à Haarlem.
En fait, qu’est-ce que le système immunitaire ? Qu’est-ce que cela englobe et qu’est-ce que cela signifie ?
Le sujet est extrêmement complexe, mais je peux vous expliquer brièvement en quoi il consiste.
En premier lieu, nous avons le système immunitaire inné. Nous l’avons développé au fil de notre évolution. Cela comprend tout un tas de substances et de produits que le corps sécrète pour se défendre. Parce que, quand un bébé, garçon ou fille, voit le jour, il doit évidemment déjà disposer d’un système de défense, car il est se retrouve assiégé par les bactéries dès sa naissance. Avec un excellent système immunitaire inné, tout neuf, vous pouvez vous défendre convenablement. La mère apporte notamment divers anticorps. Cela explique aussi pourquoi l’allaitement est si important. Il est donc important que les mères soient en bonne santé. Comme un enfant, le système immunitaire inné doit aller « à l’école ». Il doit d’abord entrer en maternelle, puis suivre l’école primaire, le secondaire, etc. Il est en fait toujours en apprentissage. Chaque fois qu’il est confronté à quelque chose de nouveau, le système immunitaire inné réagit. Puis c’est « l’école » qui intervient, mais sa réponse est toujours différée. Dans le cas d’un virus relativement nouveau pour le corps, la réponse du système immunitaire inné se compose de diverses substances. Il s’agit des cytokines, des inflammasomes, des interleukines… Des substances complexes. Une réaction en chaîne se déclenche, c’est vraiment un système fantastique.
Ensuite, le corps doit apprendre à réagir à ce virus étranger. C’est comme cela que se forme le système immunitaire acquis ou adaptatif et c’est lui qui fabrique ensuite les anticorps nécessaires. Ce sont d’abord ce que l’on appelle les lymphocytes B et les lymphocytes T. Ces lymphocytes B et T font partie du système immunitaire acquis. Ainsi, notre corps ne cesse d’apprendre à réagir à tout ce qui vient de l’extérieur. On parlait de virus, mais prenons par exemple le plastique – j’en parlais justement avec le plastique dans la bouche. Il s’avère que notre système immunitaire réagit aussi au plastique. Il est très présent dans les océans et donc dans les poissons que nous consommons. Sa présence a également été démontrée dans les racines des plantes, car la nappe phréatique contient aussi du plastique. Bref, en 60 ans, nous avons réussi à produire une nouvelle substance toxique pour notre corps, parce que nous l’ingérons. L’an dernier, l’université libre d’Amsterdam a observé la présence de plastique dans le sang de patients. Et nous ne savons pas encore quelles en sont les conséquences. Mais nous savons que le système immunitaire réagit toujours, et donc aussi à ce plastique. Résultat : on a par exemple de petits enfants qui sont déjà asthmatiques, mais dont l’asthme s’aggrave parce qu’ils sont plus sensibles aux inflammations. Donc, le système immunitaire réagit de toute façon à ces contaminants, ces substances qui viennent de l’extérieur et qu’il veut évidemment combattre. La réponse du système immunitaire prend souvent la forme d’une réaction inflammatoire, et elle peut alors être excessive. Le système immunitaire est très efficace contre les virus, les bactéries et les parasites, mais à un moment donné, il peut également s’emballer. Et quand cela arrive, on parle alors d’une maladie auto-immune. Cela signifie que le système immunitaire va se retourner contre vous. Des maladies comme cela, il en existe déjà une bonne centaine. On en comptait beaucoup moins avant.
Y a-t-il un rapport avec les allergies et les intolérances ?
Oui. Il s’agit le plus souvent de réactions en rapport aux lymphocytes B et on peut certainement y faire quelque chose. En 2009, une étude réalisée par l’hôpital pour enfants Wilhelmina a démontré que chez les enfants, les probiotiques sont capables de gérer le système immunitaire, c’est-à-dire de le piloter. On observe en effet chez les enfants qui souffrent par exemple d’allergies (mais aussi d’asthme et d’eczéma atopique) que ça diminue fortement avec la prise de probiotiques.
De façon à protéger les intestins, de sorte qu’ils puissent mieux se défendre et s’emballent moins ?
Exactement. D’ailleurs – petite parenthèse pour les connaisseurs –, il y a toujours un décalage entre les lymphocytes T1 et T2, et on y trouve un système de régulation qu’on appelle T-reg. Or, il est très facile d’influencer ce système, par exemple avec des probiotiques. C’est ce que montre cette étude, l’étude panda. Bref, nous pouvons vraiment changer beaucoup de choses à notre système immunitaire.
Cela donne espoir. On n’a donc pas, par définition, un bon ou un mauvais système immunitaire, mais on peut toujours essayer de le renforcer soi-même.
Absolument..
À quoi voit-on que notre système immunitaire s’affaiblit ou qu’il est soumis à rude épreuve, par exemple ? Bref, comment repère-t-on qu’il est temps d’y faire quelque chose ?
Je ne voudrais pas plomber l’ambiance, mais quand on voit tout ce qu’on se prend ces derniers temps comme substances, par exemple à cause de la pollution de l’air, et comme nouveaux virus… En fait, une moins bonne réaction à un virus est déjà un signe d’affaiblissement du système immunitaire. Et bien sûr, c’est chez les personnes âgées qu’on l’observe le plus. Ce que l’on observe aussi chez les personnes âgées – même si cela fait partie d’un processus naturel –, c’est l’immunosenescence, autrement dit le vieillissement du système immunitaire. Cela signifie qu’à un âge avancé, le système immunitaire inné s’affaiblit de plus en plus. C’est comme les cheveux blancs : le système immunitaire devient lui aussi grisonnant. Mais à ça aussi, on peut y faire quelque chose. Nous vieillissons tous, mais la question est : vieillissons-nous en bonne santé ? Cette question n’est pas sans importance. La qualité de vie est super importante, et pour la préserver, vous devez veiller à ce que votre système immunitaire reste réactif.
Une des choses les plus importantes pour le système immunitaire, c’est l’huile de poisson, ou les poissons gras. C’est vraiment la base. Donc : mangez du poisson gras, surtout à l’approche de l’hiver par exemple. Les poissons gras contiennent également un peu de vitamine D, qui est naturellement très importante aussi. Mangez du poisson gras, et si vous ne voulez ou ne pouvez pas, optez pour des capsules d’huile de poisson. Si vous êtes végétarien ou végan, vous pouvez opter pour de l’huile d’algues. Mais quoi qu’il en soi, c’est un élément de base extrêmement important pour notre système immunitaire. Aux Pays-Bas et en Flandre, l’indice moyen d’oméga-3 est en fait trop bas. On parle ici du taux d’acides gras oméga-3 dans les globules rouges. Cet indice y est donc d’environ 4,5, alors que pour être en bonne santé, il devrait plutôt être de 8. Nous avons donc un immense déficit à combler. Mangez du poisson frais : des sardines, du maquereau, etc. Et si vous ne le pouvez ou ne le voulez pas, ou si vous n’aimez pas ça, un complément à base d’huile de poisson peut suffire. Mais un bon complément !
Et pourquoi est-ce si important pour le système immunitaire ?
Eh bien, à l’époque de la COVID par exemple, on entendait pas mal parler de « choc cytokinique ». C’est une réaction excessive du système immunitaire. Nous savons que les agents actifs contenus dans les acides gras oméga-3, l’EPA et le DHA, peuvent gérer et maintenir un tel choc cytokinique sous contrôle. Dans le temps, on voyait encore arriver des gens aux soins intensifs qui avaient développé ce type de réaction justement parce que leur taux d’acides gras oméga-3 était trop bas. De plus, ces substances peuvent également lutter contre les infections et les freiner. Une réaction inflammatoire est toujours une expression du système immunitaire.
Et c’est une bonne chose, du moins en partie.
Oui, c’est une bonne chose, parce que nous savons que, si vous vous êtes par exemple blessé avec un clou rouillé, un œdème va apparaître. Ça va rougir et il sortira peut-être du pus, C’est douloureux et vous aurez peut-être un peu de fièvre. Tout cela n’est qu’une belle réaction de la part de notre corps. Ça n’a rien d’anormal. C’est assez désagréable, mais c’est une bonne chose. Bref, les acides gras oméga-3 sont essentiels si vous souhaitez que cela n’aille pas plus loin.
Pour faire en sorte que le corps ne réagisse pas de façon excessive.
Précisément.
Avez-vous des conseils particuliers pour certaines catégories de personnes ? Des choses auxquelles les enfants, les personnes âgées ou tout simplement les adultes doivent être attentifs ?
Oui, certainement. Comme je le disais tout à l’heure – commençons donc par les personnes âgées –, leur système immunitaire vieillit lui aussi. On remarque un vieillissement de certaines cellules, C’est ce que nous appelons des cellules sénescentes. Et si celles-ci peuvent encore exercer leur fonction, elles sont incapables de se diviser. Et surtout : elles émettent sans cesse des signaux inflammatoires. Pour les plus de 50 ans, il est important de disposer de suffisamment d’antioxydants. Parmi les antioxydants, citons notamment le curcuma, l’origan et l’extrait de thé vert. Il y a également le persil ou le céleri qui contiennent beaucoup d’apigénine, un beau polyphénol, également un antioxydant. Et une fois de plus, l’huile de poisson reste importante. Très importantes aussi : les vitamines A, D, et E sont elles aussi essentielles dans la régulation du système immunitaire. Il est donc essentiel d’en absorber beaucoup dans son alimentation ou, éventuellement, sous forme de complément alimentaire.
J’aime bien que vous disiez toujours d’abord « dans l’alimentation » et puis seulement, si ça ne va pas, on peut passer au complément ; que l’alimentation reste la base, mais qu’on peut toujours y remédier si ça ne fonctionne pas.
Oui, il faut bien absorber de la nourriture chaque jour et quand on veille à une bonne alimentation… D’un autre côté, l’alimentation peut aussi avoir son revers de la médaille. J’ai déjà parlé des sucres blancs : ils sont justement mauvais pour le système immunitaire, car ils sont source d’inflammation.
Donc une alimentation principalement à base de végétaux ?
Les végétaux sont bons, c’est certain. Éventuellement, du poisson gras aussi. Et si vous aimez ça, vous pouvez toujours manger un bout de poulet ou quelque chose comme ça. Mais il est vraiment nécessaire d’augmenter la quantité de légumes consommés dans la population. Nous en sommes en moyenne à 100 à 170 grammes de légumes par jour et par personne. Selon les différents Conseils en charge de santé, il faudrait atteindre 200 ou 250 grammes, mais en fait, ce devrait être 400 grammes.
Alors il faut vraiment répartir cette quantité sur toute la journée.
Rien que d’ajouter des herbes dans ces plats, par exemple, cela aide vraiment beaucoup, même les herbes séchées. Surtout l’origan, le persil, le romarin… Ajouter cela dans votre alimentation, c’est excellent. Voilà ce que j’avais à dire pour la catégorie des personnes âgées.
Retournons en arrière à présent. Durant les premières années de la vie, il est essentiel que la flore intestinale puisse se développer convenablement. C’est ce qui arrive en premier à maturité, vers l’âge de trois ans environ. Les premières années de la vie sont donc importantes. Il est bon de consommer si possible des fibres solides dans l’eau, y compris quand on passe à une alimentation solide. Ces fibres se trouvent notamment dans les carottes, les tubercules, les choses comme ça. On peut éventuellement prendre des probiotiques en soutien, même pour les tout-petits. Mais le plus important – on y revient encore – ce sont les acides gras oméga-3. Et les vitamines A et D aussi, c’est important, car durant la puberté, on constate assez souvent des carences en zinc. D’ailleurs, c’est aussi indiqué pour les tout-petits. Pas en quantités excessives, bien sûr, mais régulièrement quand même. Un bon multi, par exemple, c’est important pour les jeunes. Un qui contient de la vitamine A surtout, histoire de bien se préparer pour affronter ce monde cruel.
Oui, parce que les enfants doivent endurer pas mal de maladies. C’est la même chose pour les jeunes enfants ?
Non, c’est vrai. C’est une bonne chose d’endurer la maladie. Ce n’est pas bien grave en tout cas.
Donc, en soi, il n’y a aucun mal à les mettre en crèche ou les envoyer à l’école, où ils sont exposés à des maladies ?
Non, pas du tout. Et c’est justement un paradoxe de l’hygiène de se laver les mains à s’en arracher la peau. C’est une pratique trop hygiéniste. Les enfants doivent aussi jouer dans la terre. Un excès d’hygiène n’est pas bon pour la santé. Prenez les bactéries qui se trouvent de la terre : de nos jours, on en voit apparaître dans la composition des compléments alimentaires. Commencez un potager avec vos enfants et laissez-les manger directement les carottes sorties du sol. Bien entendu, il faut une terre saine, pas trop polluée, sans pesticides. Un bon petit potager, tout simplement, avec de la terre biologique et grignoter ce qui y pousse, c’est très bon pour le système immunitaire.
Avez-vous aussi des conseils particuliers pour les adultes ? À moins que leur système immunitaire ne soit déjà excellent et qu’en règle générale, tout va bien de ce côté-là.
C’est surtout chez les adultes que observons une augmentation du nombre de maladies auto-immunes, un phénomène qui commence déjà à la fin de la puberté. La maladie de Crohn, par exemple, ou la colite ulcéreuse. C’est là que le système immunitaire commence à dérailler, qu’il surréagit. Et c’est souvent en lien avec le stress. Nous avons bien sûr tous droit à notre dose de stress. Mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est d’avoir le moins possible de stress. Je sais que c’est très compliqué, mais il faut essayer de vivre autant que possible en mode « parasympathique », de ne pas être constamment en état d’alerte, de trouver du repos. Si vous aimez faire le yoga, faites du yoga. Si vous aimez vous promener, alors faites-le. Ce genre de choses, quoi. Être attentif à ce que l’on mange… Et surtout – on l’oublie si souvent – bien dormir. Dormir, dormir, dormir ! J’ai une image plutôt étrange de cela, car dans ma pratique quotidienne, cette question, je la pose naturellement dans mon anamnèse. Et quand je demande donc comment est votre sommeil, hé bien, presque personne n’affirme bien dormir.
Bien sûr, ce n’est pas si facile. Par exemple, si vous avez des enfants en bas âge, vous ne pouvez pas toujours y faire quelque chose que vous dormiez bien ou non.
Oui, c’est cela : il y a toujours des sources d’embêtements extérieures qui vous en empêchent. Alors, cette phase, quand on a de jeunes enfants, ça va encore, mais si vous manquez vraiment de sommeil, de façon structurelle et que, surtout à cause du stress, vous êtes éveillé la nuit et que vous ruminez, il faut vraiment faire quelque chose. Joke Dewulf a une belle histoire à ce sujet. Une belle thérapie aussi. Comme je le dis toujours : si ça ne fonctionne pas, la base, c’est vraiment de bien dormir. Dans ce cas, il faut – si nécessaire avec certains suppléments – veiller à ce que votre cerveau puisse se calmer le soir et la nuit, afin que vous puissiez bien dormir.
Nous avons besoin de ce stress le jour. Il nous sert à faire des choses. Mais la nuit, nous devons trouver le repos.
Oui.
Alimentation, respiration et sommeil sont les principaux ingrédients pour préserver le système immunitaire autant que possible. L’activité physique aussi.
L’activité physique, je trouve cela un sujet intéressant. Parlons-en un instant. Quelle est l’influence de l’activité physique sur le système immunitaire ?
Oui, bien sûr. On va en parler aussi. C’est un excellent sujet. L’équilibre est très important. Tout cela, c’est comme le yin et le yang. C’est extrêmement difficile, parce que ça peut aussi être excessif.
On peut observer l’apparition d’un nouveau groupe dans la population : les sédentaires. Autrement dit, la population assise, rivée toute la journée à son écran d’ordinateur. Ils vont au travail en voiture. Au travail, ils marchent un peu jusqu’à la cafétéria de l’entreprise, ils vont peut-être prendre l’air un moment. Et le soir, ils vont peut-être se regarder un petit Netflix et puis au lit. J’exagère peut-être un peu, mais il est indéniable qu’il existe un groupe de population qui ne pratique pas assez d’exercices physiques. C’est mauvais pour le système immunitaire, car l’activité physique lui permet en fin de compte de s’exprimer pleinement.
Mais comme toute médaille a son revers, une activité physique excessive n’est pas conseillée non plus. Chez les personnes qui sont déjà au bout du rouleau, qui sont par exemple déjà très stressées et qui ont souvent un rhume, leur système immunitaire est déjà sous pression. Et ces personnes vont encore partir en bootcamp le week-end ou aller taquiner le sac de boxe plusieurs fois par semaine. Ce n’est pas ça qui va aider leur système immunitaire. Trop d’entraînement, c’est même contre-productif.
Le sport, c’est fantastique, même les sports d’endurance comme le cyclisme et le marathon. Mais si on les considère en toute honnêteté, ce n’est pas bon pour le système immunitaire. On sait, par exemple – et c’est mesurable – que les participants au Tour de France en ressortent avec un système immunitaire affaibli. Pour cela, on mesure la présence d’une certaine substance dans leurs fèces, qu’on appelle les immunoglobines A sécrétoires. C’est une substance importante pour les muqueuses. Elle joue un rôle de barrière dans le corps pour le système immunitaire. À la fin du Tour de France, cette substance est beaucoup moins présente. Donc, ces personnes sont devenues très vulnérables pour tout un tas de virus et de bactéries, etc.
Donc : rester trop assis n’est pas bon, mais un excès de sport non plus. Quel est alors le juste milieu : je dirais une trentaine de minutes d’activité physique par jour et une activité physique plus intense deux fois par semaine, par exemple. Et nous parlons ici par exemple d’un rythme cardiaque d’environ 120 battements par minute, c’est très bien. Ça réclame un minimum de motivation tout de même. une autre découverte, c’est le fait que le HIIT training, ces entraînements à haute intensité en brefs intervalles, que cela peut également être favorable pour le système immunitaire. Cela donne une bonne impulsion au muscle cardiaque, à condition de ne pas le pratiquer trop longtemps.
Beaucoup de gens disent aussi : mais je ne vais pas devoir me mettre à fréquenter un centre de fitness tout de même ? Mais il n’y en a pas besoin, en effet ! Il suffit simplement d’aller se promener, c’est déjà bien. Rien que 7500 pas par jour suffisent déjà pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires.
Et à quoi cela tient-il ? C’est vraiment parce que votre cœur doit travailler plus et qu’après votre sang circule mieux ?
Oui, et votre système immunitaire va mieux fonctionner. En tant que chasseurs-cueilleurs, nous sommes faits pour ça. Nous sommes faits pour marcher, pour rechercher, pour collecter et piquer un petit sprint de temps à autre. C’est ainsi que l’humain est constitué. Mais pas pour courir pendant 42 km, ni pour rester assis toute la journée devant l’ordinateur. Si vous êtes encore capable d’imiter le chasseur-cueilleur – parce que nous sommes génétiques très proches de lui –, vous êtes sur la bonne voie. Alors, votre système immunitaire vous acclamera avec joie !
Avant de conclure, je voulais vous demander si vous souhaitiez encore nous faire part de quelques cas pratiques aujourd’hui ?
Absolument. Dernièrement, j’ai eu une dame qui avait eu la COVID en septembre dernier. Et elle souffrait encore de dyspnée et de fatigue. Or, j’ai fait faire une analyse des selles de cette dame, et il est apparu qu’une certaine bactérie, la Klebsiella pneumoniae y pullulait. Elle avait donc trop d’une certaine bactérie dans ses intestins. C’est là que ça se complique : cette bactérie sécrète aussi certaines substances. Ces substances sécrétées par ce type de bactérie, ce sont des endotoxines. On y retrouve la racine « endo », à l’intérieur, et « toxine », des particules toxiques, donc. Et ce dont cette dame souffrait réellement, c’était le comportement de maladie ou sickness behaviour en anglais. Ça veut dire qu’on se sent en permanence malade, pas bien, fatigué… et ça ne passe jamais. J’ai fait suivre une thérapie à cette dame, pour renforcer son système immunitaire avec plusieurs de ces substances dont j’ai déjà parlé, à savoir, une bonne dose d’huile de poisson et des vitamines A, D, E et K – c’est très important, pour la bouche aussi –, sans oublier des probiotiques, surtout pour réduire la présence de cette bactérie. Il existe plusieurs très beaux produits, par exemple l’origan, capables de réduire la présence de cette bactérie. Cette dame a donc pris ces quelques produits et j’ai pu observer au bout d’un certain temps qu’elle allait mieux. Je lui ai aussi recommandé la coenzyme Q10. Cette coenzyme veille à ce que les usines à énergie du corps, qui sont très importantes, mais qui étaient fatiguées chez elle, fonctionnent mieux.
Combien de temps faut-il pour se sentir mieux avec une thérapie comme celle-ci contre le comportement de maladie ?
Dans ce cas précis, cela a bien duré trois mois. En adoptant une bonne approche, la bactérie peut être vaincue en 4 à 6 semaines. Ainsi, on produit moins d’endotoxines. en revanche, il faut encore que le corps se remette après ça et cela peut prendre un bout de temps. Malheureusement, beaucoup de gens sont encore atteints par ce genre de syndrome de COVID long.
Si on pense en souffrir aussi, chez qui peut-on trouver conseil ?
Quoi qu’il en soit, auprès d’un bon thérapeute ou médecin qui a étudié la médecine fonctionnelle ou la médecine orthomoléculaire ou la psycho-neuro-immunologie clinique. Bref, un thérapeute qui en connaît en rayon sur le système immunitaire. Parce que, qu’est-ce que c’est exactement ce syndrome post-COVID ? C’est qu’en fait la réaction du système immunitaire de se conclut pas. Le système immunitaire est aiguillonné en permanence, mais il faut que sa réaction ait une fin. Alors, il est possible de bien soutenir cette action, par exemple avec des substances comme la lactoferrine et, une fois de plus, les vitamines A, D et K. Les substances immunostimulantes comme la propolis servent à renforcer le système immunitaire et à restaurer l’énergie. Par exemple avec de la Q10 combinée à de la vitamine B3 et de la vitamine B2. Il en existe plein, mais tout dépend de la personne. donc, il faut demander conseil à un bon thérapeute et surtout faire réaliser des analyses pour trouver les causes. Parce que tout cela peut avoir été déclenché par un excès de stress, par exemple. il faut finalement trouver le point de départ.